lundi 26 décembre 2011

CLOC


    Soudain. Cloc. Le silence envahit la pièce. Cloc. Presque machinalement. Cloc. Il ouvre les yeux. Cloc. Déjà debout. Cloc. Au milieu de la pièce. Cloc. Son lit défait. Cloc. Ombre parmi les ombres. Cloc. La lune. Cloc. Absente pour le moment. Cloc. Sa femme. Cloc. Elle ne reviendra pas. Cloc. Noyée dans la nuit noire et profonde. Cloc. Elle émet un craquement sous son poids. Cloc. Cette rambarde sur laquelle pèsent des siècles. Cloc. Son reflet s’efface dans le miroir. Cloc. Noir comme la nuit. Cloc. Son œil grand ouvert regarde mais ne voit pas. Cloc. Les yeux dans les yeux. Cloc. Elle contemple longuement cette statue. Cloc. Figure inhumaine glacée par l’ennui. Cloc. La dépouille du défunt mari trône tel un trophée. Cloc. Au loin, dans la chambre des invités. Cloc. Gît par terre une horloge en bois verni qui s’est arrêtée. Cloc. La pointe de l’aiguille sur le 12. Cloc. Une seringue empêche ses aiguilles de tourner. Cloc. Un filet noirâtre discrètement macule ses flancs. Cloc. L’esprit prompt mais les muscles endoloris. Cloc. Le mari gît sagement dans son ultime tombeau. Cloc. Les pensées vers cette pièce de bois maculée de curare. Cloc. Là haut, on aère la pièce et jette avec un empressement sincère de bien douloureux souvenirs. 

jeudi 22 décembre 2011

M Beaumont (variante de M Hacket 1)

C'est la première pièce d'un grand puzzle, devant mener à un plus grand puzzle. Cette version, ce morceau, fragment, cette pièce se veut  porter le récit en France, où l'on sait que les fonctionnaires y fleurissent souvent en couples, tels de bien heureux bouleaux, et dans une région où la pluie, mélancolique, semble plus à propos que la neige.

M Beaumont 
  
Cris d’enfants. Carillon de 12h. Une pluie fine saupoudre le jardin des senteurs. Encore engourdi par sa chute, l’enfant se relève un peu chancelant. Au loin l’écho de rires d’écoliers happé par le vent. Devant un vieil homme affalé sur son banc. Il étouffe un sanglot  et s’enfuit prestement. L’enfant prend sa place sur le banc. Arrive une jeune mariée visage jaune sur ce paysage jeune. A son bras un jeune homme au visage plus jaune encore. A sa vue l’enfant ouvre les yeux tout grand et s’en va en courant. Et le couple se pelotonne sur le banc glacé en murmurant. C’est alors qu’apparaît un agent de police d’un buisson ardent. Assoiffé, serrant sur son cœur une bouteille d’eau de vie de Charente, le fonctionnaire ventru et moustachu apostrophe les amants.  Comme un seul homme, ils se lèvent et disparaissent en un instant. Le fonctionnaire va titubant rejoindre son banc. Dans son veston une photo défraichie de sa femme. Ses pensées la rejoignent l’éternité d’un instant. Quand arrive un vieux monsieur, clopinant et glissant. Il jette un regard triste vers le policier, qui cède sa place en grommelant. Alors, enfin affalé sur son banc, le regard tout humide de cet horizon qui pleure, le vieil homme lève les yeux au ciel, qui le regarde, qui l’attend. C’est alors qu’un groupe d’enfants, en bousculant un autre, s’éloignent en courant. Ne reste qu’un seul morveux, tout tremblotant, resté planté, là, un peu gauchement. Le cœur serré, les mains glacées, le vieil homme quitte les lieux promptement, sans se retourner. Cris d’enfants. Carillon de 12h. Une pluie fine saupoudre le jardin des senteurs.

   

vendredi 9 décembre 2011

M Hacket

  Cris d’enfants. Carillon de 12h. Il neige sur Saint James Park. Encore engourdi par sa chute, l’enfant se relève un peu chancelant. Au loin l’écho de rires d’écoliers happé par le vent. Devant un vieil homme affalé sur son banc. Il étouffe un sanglot  et s’enfuit prestement. L’enfant prend sa place sur le banc. Arrive une jeune mariée tout en blanc sur ce paysage blanc. A son bras un jeune homme au visage plus blanc encore. A sa vue l’enfant ouvre les yeux tout grand et s’en va en courant. Et le couple se pelotonne sur le banc glacé en murmurant. C’est alors qu’apparaît un agent de police d’un buisson ardent. Assoiffé, serrant sur son cœur une bouteille d’eau de vie d’Ecosse, le fonctionnaire ventru et moustachu apostrophe les amants.  Comme un seul homme, ils se lèvent disparaissent en un instant. Le fonctionnaire va titubant rejoindre son banc. Il cuve sa solitude depuis l’on ne sait combien de temps. Quand arrive un vieux monsieur, clopinant et glissant. Il jette un regard triste vers le policier, qui cède sa place en grommelant. Alors, enfin affalé sur son banc, le visage poudré de flocons de neige grisonnants, le vieil homme lève les yeux au ciel, qui le regarde, qui l’attend. C’est alors qu’un groupe d’enfants, en bousculant un autre, s’éloignent en courant. Ne reste qu’un seul morveux, tout tremblotant, resté planté, là, un peu gauchement. Le cœur serré, les mains glacées, le vieil homme quitte les lieux promptement, sans se retourner. Cris d’enfants. Carillon de 12h. Il neige sur Saint James Park.