M Beaumont
Cris
d’enfants. Carillon de 12h. Une pluie fine saupoudre le jardin des senteurs. Encore
engourdi par sa chute, l’enfant se relève un peu chancelant. Au loin l’écho de
rires d’écoliers happé par le vent. Devant un vieil homme affalé sur son banc.
Il étouffe un sanglot et s’enfuit
prestement. L’enfant prend sa place sur le banc. Arrive une jeune mariée visage
jaune sur ce paysage jeune. A son bras un jeune homme au visage plus jaune
encore. A sa vue l’enfant ouvre les yeux tout grand et s’en va en courant. Et
le couple se pelotonne sur le banc glacé en murmurant. C’est alors qu’apparaît
un agent de police d’un buisson ardent. Assoiffé, serrant sur son cœur une
bouteille d’eau de vie de Charente, le fonctionnaire ventru et moustachu
apostrophe les amants. Comme un seul
homme, ils se lèvent et disparaissent en un instant. Le fonctionnaire va
titubant rejoindre son banc. Dans son veston une photo défraichie de sa femme. Ses
pensées la rejoignent l’éternité d’un instant. Quand arrive un vieux monsieur,
clopinant et glissant. Il jette un regard triste vers le policier, qui cède sa
place en grommelant. Alors, enfin affalé sur son banc, le regard tout humide de
cet horizon qui pleure, le vieil homme lève les yeux au ciel, qui le regarde,
qui l’attend. C’est alors qu’un groupe d’enfants, en bousculant un autre,
s’éloignent en courant. Ne reste qu’un seul morveux, tout tremblotant, resté
planté, là, un peu gauchement. Le cœur serré, les mains glacées, le vieil homme
quitte les lieux promptement, sans se retourner. Cris d’enfants. Carillon de
12h. Une pluie fine saupoudre le jardin des senteurs.
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