vendredi 9 décembre 2011

M Hacket

  Cris d’enfants. Carillon de 12h. Il neige sur Saint James Park. Encore engourdi par sa chute, l’enfant se relève un peu chancelant. Au loin l’écho de rires d’écoliers happé par le vent. Devant un vieil homme affalé sur son banc. Il étouffe un sanglot  et s’enfuit prestement. L’enfant prend sa place sur le banc. Arrive une jeune mariée tout en blanc sur ce paysage blanc. A son bras un jeune homme au visage plus blanc encore. A sa vue l’enfant ouvre les yeux tout grand et s’en va en courant. Et le couple se pelotonne sur le banc glacé en murmurant. C’est alors qu’apparaît un agent de police d’un buisson ardent. Assoiffé, serrant sur son cœur une bouteille d’eau de vie d’Ecosse, le fonctionnaire ventru et moustachu apostrophe les amants.  Comme un seul homme, ils se lèvent disparaissent en un instant. Le fonctionnaire va titubant rejoindre son banc. Il cuve sa solitude depuis l’on ne sait combien de temps. Quand arrive un vieux monsieur, clopinant et glissant. Il jette un regard triste vers le policier, qui cède sa place en grommelant. Alors, enfin affalé sur son banc, le visage poudré de flocons de neige grisonnants, le vieil homme lève les yeux au ciel, qui le regarde, qui l’attend. C’est alors qu’un groupe d’enfants, en bousculant un autre, s’éloignent en courant. Ne reste qu’un seul morveux, tout tremblotant, resté planté, là, un peu gauchement. Le cœur serré, les mains glacées, le vieil homme quitte les lieux promptement, sans se retourner. Cris d’enfants. Carillon de 12h. Il neige sur Saint James Park.

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